Adam Ruins Everything Comment Adam Conover démolit des mythes à l'aide d'effets spéciaux.
Parmi les émissions télévisées, on retrouve les « émissions d'enquête » qui recouvrent plusieurs genres. Mais Adam Ruins Everything, diffusée sur truTV, correspond davantage à ce que l'on pourrait appeler une « comédie d'investigation ». En l'espace d'une demie heure, l'émission animée par Adam Conover (qui apparaissait déjà dans les web séries du site CollegeHumor) se penche sur les croyances et les tendances populaires en tordant le cou à certaines d'entre elles et en proposant une analyse approfondie pour d'autres. Tout au long de l'émission, on retrouve des effets spéciaux caractéristiques, qu'ils soient drôles ou poignants. Patrick Longstreth, qui travaille à Los Angeles, est devenu le superviseur des effets spéciaux de l'émission lorsque celle-ci a été reconduite après le pilote. Avec son équipe, il utilise principalement Cinema 4D, Maya et After Effects. Jusqu'à présent, ils ont terminé 26 épisodes et 16 autres sont en cours de production.
Patrick nous explique comment l'équipe gère la création des effets spéciaux et des animations graphiques pour chaque émission.
MAXON : Comment les effets spéciaux en sont-ils venus à occuper une place aussi importante dans l'émission Adam Ruins Everything ?
Patrick Longstreth : Le pilote comportait beaucoup d'effets spéciaux. C'est ce qui a en quelque sorte défini la ligne directrice du reste de l'émission. Notre travail commence quand Adam et les scénaristes finissent la rédaction des scripts : à ce moment-là, toutes les personnes impliquées dans la production de l'émission (réalisateurs, producteurs et chefs de service) s'assoient autour d'une table et étudient chaque épisode page par page. J'ai la chance de travailler dessus dès le début du processus et c'est l'occasion pour moi de proposer des solutions et d'ajouter ma touche personnelle. Le fait de tout étudier en détails avec les réalisateurs a permis de mieux adapter les effets spéciaux à l'histoire. On peut par exemple discuter de la meilleure façon de faire sortir Adam d'une cuvette de toilettes comme par magie ou on se demande s'il vaut mieux qu'un bâtiment explose ou s'effondre sur lui-même.
MAXON : Qu'en est-il du processus de prévisualisation des effets ?
Longstreth : Pour les scènes où on retrouve une énorme quantité d'effets spéciaux, je commence par faire un storyboard et prévisualise une animatique sur Cinema 4D. Il arrive parfois que mes créations soient assez bizarres et rigolotes, mais ça fonctionne. Par exemple, dans l'épisode où Adam explique le système de vote, le décor est conçu pour ressembler à celui de la CNN lors des soirées électorales. On fait un premier jet dans Cinema 4D puis le réalisateur et un acteur lisent le script.
MAXON : Pouvez-vous nous parler des effets spéciaux ou animations les plus poussés que vous avez réalisés pour l'émission ?
Longstreth : J'aime beaucoup ce que l'on a fait pour Adam Ruins Shopping Malls. Il parle du lancement des centres commerciaux et met en avant des mythes sur les compléments alimentaires, les lunettes de vue et les magasins d'usine. Pour le final de l'épisode, Adam s'exclame : « Malls are dying! » (« Les centres commerciaux meurent ! ») et en arrière-plan, le magasin commence à s'effondrer. On a filmé Adam et Emily devant un fond vert et on a incrusté les séquences du centre commercial réel sur un maillage fracturé dans Cinema 4D. Pour créer des fissures et des ruptures aléatoires, on a utilisé le nouvel outil Fracture Voronoï, ce qui était bien plus pratique que tout faire manuellement.
MAXON : Comment avez-vous fait pour créer la scène avec les énormes gélules de vitamines dans l'épisode sur le centre commercial ?
Longstreth : C'est l'épisode où Adam parle des magasins de produits diététiques et de la non-réglementation des compléments. Il tient dans ses mains une énorme gélule et en sort toute une série de composants délirants. Le modèle qu'il a dans les mains est réel. Il nous a permis d'en reproduire la forme, la couleur et les reflets pour modéliser les autres gélules. Pour que les gélules interagissent avec la chute d'Adam et l'apparition de son invité, on a utilisé les dynamiques de Cinema 4D : on en a fait des corps rigides et on a simulé une collision pour que les gélules se dispersent.
Maxon : Pouvez-vous nous expliquer comment vous gérez les infographies de l'émission ? On dirait qu'il y en a un paquet.
Longstreth : Il y en a effectivement beaucoup. Adam aime appuyer ses théories et ses explications sur des statistiques et des sources, donc on se retrouve souvent à superposer des données et des graphiques sur la vidéo ou à modéliser des séquences entières. On en a fait une dans l'épisode Adam Ruins Football sur les lésions cérébrales. Bien que le casque protège la tête, l'animation nous montre comment notre cerveau bouge dans la boite crânienne. On a pris un modèle 3D prédéfini de joueur de football américain qu'on a monté autour d'un squelette sur Cinema 4D. Lorsque les deux joueurs se percutent, on a utilisé l'effet secousse pour faire en sorte que le cerveau bouge et rebondisse dans la boite crânienne. Pour l'effet rayons-x, on a utilisé les lumières de base de Cinema 4D qu'on a ensuite inversées sur After Effects.
Maxon : Êtes-vous en train de tester de nouveaux effets spéciaux pour la prochaine saison ?
Longstreth : Oui, absolument ! Les scénaristes et les metteurs en scène nous poussent toujours en territoire inconnu. Jusque-là, on a évoqué la création d'un double pour Adam, de tableaux qui explosent en billets et d'une télé-réalité parodique mettant en scène un concours de perte de poids. Avant, je flippais quand ils débarquaient avec leurs idées folles, mais maintenant, selon moi, on a atteint un point où on peut modéliser tout ce que l'on veut. Notre équipe d'effets spéciaux possède un éventail de capacités allant du design et de l'animation 2D aux compositions et aux effets 3D. Tout le monde a une super mentalité et adore les défis.
On est également soutenus par des personnes extraordinaires, que ce soit les responsables artistiques, les caméramans, les monteurs, etc. C'est vraiment un cadre sympa où travailler, et je suis vraiment chanceux d'avoir eu l’opportunité de rencontrer et de collaborer avec des gens aussi géniaux. Un jour on fait exploser un immeuble, le lendemain on vole dans le cyberespace. C'est un vrai rêve de gosse.